lundi 4 novembre 2013

Interview from the heart of darkness : 13/ Babalith


A croire que le numéro 13 attire vraiment le mauvais oeil, cette interview revient de loin. Réalisée à l'occasion de la sortie d'Elsewhere, ultime volet de notre compilation Transmissions from the Heart of Darkness dont le Portugais signait en avril dernier le morceau le plus étrange et déstabilisant tout en radiations transcendantales et modulées jusqu'au vertige, elle nous a donné du fil à retordre côté traduction.


Il faut dire que l'ésotérisme qui imprègne le dark ambient de Babalith est une philosophie à part entière pour son alter-ego André Consciência, artiste multifacettes que l'on retrouve aux manettes des collectifs lisboètes Korvustronik et Abismo Humano consacrés aux scènes expérimentales et gothiques du cru. C'était donc l'occasion rêvée d'en savoir plus sur cette prégnance du mysticisme et de la mort sur les sorties de ce féru d'occultisme à travers les âges, des vortex abstraits de Flute Of LAM aux épopées cosmologiques d'Obscuro Quasar ou Monte 6 (associé à son compatriote Aeternum X) en passant par la descente aux Enfers du flippant Xibalba Mannequins chroniqué dans nos pages l'an dernier ou la compilation d'inédits B-Side Me qu'il offre au téléchargement en attendant la sortie de son prochain opus prévue en fin d'année.



L'interview

- Des Cendres à la Cave : Que trouve-t-on dans ta cave - ou dans l'endroit où ta musique prend corps ?

André Consciência : Hah, en fait il s'agit d'un grenier. Permets-moi de jeter un coup d'oeil alentour. Quatre haut-parleurs, beaucoup de CD, deux cendriers avec des tas de cigarettes, du tabac, différents oracles peints à la main, des briquets, des bracelets en pierre, une femelle lézard prénommée Itza, un ordinateur et deux écrans. Un autel, plein de livres, des cendres, des gants, des peintures païennes et autres dessins hermétiques, des runes de créatures lunaires, des brûleurs d'encens, un couteau, une pipe, des plumes d'oiseau et - enfin! - 3 micros, un didgeridoo, une flûte, deux djembés, des os de chien avec lesquels je fais des rythmes, une lampe à huile avec le visage de Pan sur laquelle je souffle pour faire des sifflements, un marimba, des maracas, une guitare acoustique et une électrique, deux claviers et un harmonica.

- Si tu devais associer ton morceau à une image, quelle serait-elle ?

Le morceau composé pour cette compilation-là ? Hum... Le tunnel de la mort lui-même descendant tel une sphère blanche de son et de lumière, et qui, en nous scannant, nettoierait toute la matière morte de nos âmes.

- Tu es le fondateur d'Abismo Humano, un collectif qui s'intéresse à tous les aspects de la scène gothique portugaise via un fanzine, une webradio, un label, etc. A quand remonte ton intérêt pour ce mouvement musical et comment a-t-il pris naissance ? Son héritage est-il vivace au Portugal ?

Je ne considère pas la scène gothique comme un mouvement musical, je considère que c'est un livre que l'on peut d'abord lire comme un traité sur l'architecture, ou plus tard sur la littérature gothique à proprement parler, du XVIIIe siècle au début de l'époque victorienne. Ça vient de l'illuminisme au travers de nombreuses formes d'art qui ont une symbologie spécifique. Je considère de fait la sous-culture gothique comme un secret transmis par la contemplation intelligente d'une esthétique, et aussi de certains principes philosophiques et métaphysiques. Cependant je ne souhaite pas trop m'étendre sur cet aspect, car j'ai beaucoup à dire sur le sujet. Son retour tardif, quoique déjà bien vivant au cinéma, fait l'objet d'un boom fascinant en musique, de l'horror-punk au deathrock, du post-punk à la darkwave, et puis un bon millier de descendants, dont le dark ambient fait partie.

Lorsque j'étais tout jeune, mon oncle m'avait déjà familiarisé aux Bauhaus, Fields Of The Nephilim, Peter Murphy, Love And Rockets, et autres classiques de cette époque. Il qualifiait tout ce mouvement d'anti-rock, et n'y faisait pas référence en terme de musique gothique. J'ai toujours eu depuis une forte attirance pour l'esthétique gothique et sa mystique, ses cheminements expérimentaux et audacieux. Si vous regardez de près, tous ces groupes pionniers de la scène dark sont uniques, quelque chose quasiment venu de nulle part avec pour seules fondations le punk et le côté sombre de la philosophie hippie. Certes, tu as donc bien un courant né de groupes tels que Fields Of The Nephilim ou des formations néo-folk avec un vaste répertoire de symboles et d'enseignements hermétiques. Mais en avançant jusqu'à mes années d'adolescence, j'ai vécu le décès de ma petite amie et ça m'a amené à me plonger dans tous les médias sur l'art et la philosophie pour mieux appréhender la mort, la perte d'un être cher et comment parvenir à faire sa vie sans lui. Je n'ai pu depuis que crouler sous la littérature gothique, l'art, la musique et à chaque fois une attention toute particulière aux paroles. J'ai décidé qu'aucun être humain ne pouvait découvrir son âme sans commencer par la perdre, et qu'aucune âme n'a suffisamment d'espace pour se rencontrer elle-même sans un abîme dans lequel évoluer. J'ai décidé que l'art était la compréhension, que l'art était la guérison, que l'art était l'ouverture d'une porte à chaque fois qu'il n'y a pas de porte pour nous laisser sortir, ou entrer. L'art est la philosophie et la religion la plus profonde qui soit, mais toutes les religions sont des cultes de la mort à leur commencement et à leur fin.

C'est vrai que l'héritage gothique est endurant au Portugal, bien qu'il en vienne presque à s'éteindre de temps à autre. Il s'agit néanmoins d'une sous-culture fascinante, et quand la flamme vacille vous n'avez qu'à vous consacrer à votre travail et elle retrouve de sa superbe. J'ai cette idée en raison de l'effort constant de certains activistes old school tels que les Graveyard Sessions, la Fade In Association, et des nouveaux mouvements comme Abismo Humano qu'ils engendrent désormais du côté de la jeune génération. Je me réfère davantage à la scène darkwave/goth rock/deathrock, car il y a déjà beaucoup de choses consacrées au metal gothique par ici. Rien à redire à ce propos. Quant au dark ambient, eh bien, il y a un label que j'administre avec Aeternum X appelé Korvustronik, nous faisons de notre mieux mais la scène, en ce qui concerne son auditoire plutôt que ses musiciens, est moribonde, si jamais née.

- Un certain nombre de tes albums en tant que Babalith abordent la musique comme une véritable expérience transcendantale. Éprouver les sens de l'auditeur, c'est aussi ce que tu recherches lorsque tu évolues dans des sphères plus dark ambient comme sur Xibalba Mannequins ?

Admirable question. Disons que principalement ma mission est d'aborder la musique comme une pratique transcendantale, l'aspect dark ambient vient du fait que je suis naturellement enclin à ce genre lorsque je compose. Mais parfois, je fais du dark ambient d'une façon moins expérimentale, comme sur Xibalba Mannequins. Il y a une différence dans la méthode. Je ne pense pas avoir accompli quoi que ce soit de nouveau musicalement, d'un point de vue technique, avec Xibalba Mannequins, mais ça a été très intense de le faire. J'ai écrit - étant avant tout écrivain - et réalisé des performances pour un livre public gargantuesque portant le nom de cet album, chaque nouveau texte est dédié à l'une des maisons de la mythologie de Popol Vuh. Chacune des maisons dispose d'un seigneur/mannequin pour la représenter. Cette fois, j'ai dû plonger à l'intérieur de moi-même et demander la permission d'entendre la musique. C'est plus facile d'entendre les mots, ils sont moins directs tandis que la musique est de l'énergie pure. J'ai offert une partie de ma force vitale au Percepteur de Sang en échange de l'inspiration, et en conséquence j'ai été rapidement malade, atteint de fièvre et j'ai composé l'album entier dans cet état de santé et cet été d'esprit. La dernière piste, je crois, surmonte là encore toute cette expérience jusqu'à la transcendance, me permettant de répondre à cette question que je me posais aussi à moi-même : oui, c'est également ce que je recherche dans le dark ambient.


- Plusieurs de tes disques, qu'il s'agisse de Xibalba Mannequins ou de l'EP Follow The River par exemple, font référence aux croyances méso-américaines, d'autres encore à l'islam (Le Musqueé du Pape Femme) ou aux mythologies nordiques (Northern Sea Drops) voire égyptiennes (Huni Kui). Qu'est-ce qui te fascine dans le mysticisme, le chamanisme par delà les cultures et les religions ?

Huni Kui est avant tout un hymne aux enseignements que j'ai reçus d'une cérémonie de prise d'Ayahuasca. Après la cérémonie, je me suis réveillé avec l'album entier dans mon esprit et je l'ai terminé en une semaine. Je le considère en un sens comme un album complexe, c'est donc une sorte de miracle, ou pas tant que ça si vous considérez que votre cerveau peut traiter autant d'informations sous l'effet de l'Ayahuasca que lors d'une expérience de mort imminente. Huni Kui, bien que l'album ait bien quelques influences égyptiennes, fait ici référence au nom d'une tribu qui utilise l'Ayahuasca. Huni Kui est généralement traduit par « peuple chauve-souris », mais signifie en réalité « peuple de la vérité ». La chauve-souris possède une caractéristique intéressante. Pensez-y. La chauve-souris chante pour apprendre, et apprend grâce au chant. A travers ses chansons, elle comprend l'espace autour d'elle et comment interagir avec lui. Elle a la musique en tant que connaissance. Dans la tradition chamanique, chanter est le plus grand des pouvoirs car c'est l'unique moyen d'exprimer la vérité. Le son est un élément lié de près aux anges : ils se manifestent par le feu, mais ils sont des êtres de son. Xibalba Mannequins et Follow The River ont tous deux des références aux cultures aztèque et maya. Il y a une similitude fondamentale entre ces cultures et les mythologies païennes des Scandinaves, l'Égypte et l'Islam, elles puisent leur force dans les cieux. Il y a une tradition d'anciens traitant avec des intelligences célestes enracinée depuis bien avant l'Égypte, du temps des Sumériens. Cette tradition a été réorganisée et résumée à l'époque de la Renaissance, ce qu'on a alors appelé égyptianisme et que l'on nomme aujourd'hui hermétisme. Mais j'aime la façon dont tu présentes la chose : « le chamanisme par delà les cultures et les religions ». Le chamanisme est l'essence de toute spiritualité, et l'essence de la spiritualité, c'est la créativité : la créativité aligne le "toi" microscopique avec le "toi" macroscopique, ou autrement dit localise ta place dans le monde, un endroit où tu es libre de te transcender en affirmant ton existence et surtout en témoignant la joie de l'existence autour de toi - ce que signifie "être" - et aligne l'intellect avec l'émotion et l'émotion avec le corps. Toutes les religions et toutes les cultures se cristallisent autour de cette science entre les hommes et l'univers, l'esprit et le corps. Il faut comprendre, cependant, qu'il n'y a rien d'autre que de l'eau dans la glace. Et il n'y a donc rien d'autre que la méthode chamanique derrière la plus complexe des cérémonies, et rien d'autre que de la créativité et de la fluidité derrière l'enseignement ou la loi les plus rigides ou élaborés.

- Sur Under Cover l'an dernier, tu t'attaquais à des reprises de groupes très divers, des Beatles à Anathema en passant par Love And Rockets, Nine Inch Nails ou Danny Elfman. Était-ce par défi, par affinités, un peu tout ça ?

Je dois dire que j'ai vraiment senti le challenge sur celle de Danny Elfman. De tous les morceaux celui-là a été le plus difficile à reproduire sur Under Cover. Bien sûr, j'ai toujours ressenti une certaine pression en me réappropriant ces grandes compositions. J'avais l'impression que chacune de ces reprises était une profanation et tout à coup j'ai commencé à apprécier ce sentiment. Il faut tellement plus de dévouement pour être un iconoclaste, et la dévotion est une joie.

- Peux-tu nous parler un peu de tes projets dans l'immédiat ?

Sombre Soniks viennent de sortir un morceau de Babalith inspiré du film asiatique Dolls, dans le cadre du dernier volume en date de leurs compilations Dark Ambient, ainsi qu'une cassette pour les 23 Sessions. Il s'agit d'une piste de 23 minutes, composée à partir de bruits d'insectes entrelacés avec la bande-son d'un rituel chamanique enregistré sur magnétophone. C'était à Lughnasad, aligné avec un Chaorder du rituel Silver Dusk. C'est intéressant parce que le nombre 23 est important à la fois pour l'album et pour le véritable rituel. 23 signifie chaos, génération, multiplication, créativité. C'est le nombre des courants Magick Chaos.


La prochaine chose que j'ai à l'esprit est une collaboration avec IA Ritualistic Ambient pour une future compilation du label Sombre Soniks.

Je vais également figurer sur la deuxième compilation de Korvustronik avec un inédit et peut-être que vers la fin de l'année vous aurez droit à un nouvel album à part entière de 24 morceaux, à paraître au format physique par le biais de Sombre Soniks. Le CD s'intitulera Inferno et raconte à travers mon propre point de vue le passage de Dante à travers les cercles inférieurs de la Divine Comédie. Ce travail est terminé et en attente de voir la lumière du jour.

[ci-dessous, la participation de Babalith à la première compilation de Korvustronik sortie en avril dernier]


Vous pouvez vous attendre à quelque chose de très différent. Cet album sera plus orienté Death-Industrial je dirais.



Version originale

- Des Cendres à la Cave : What can one find in your basement - or wherever your music takes shape ?

André Consciência : Hah, it's actually an attic. Let me take a look around. Four speakers, many CDs, two ashtrays with many cigarettes, tobbaco, different oracles painted manually, lighters, stone bracelets, a female lizzard named Itza, a computer and two screens. An altar, plenty of books, ashes, gloves!, pagan paintings and hermetic drawings, some sigils from intelligences of the moon, incense burners, a knife, a pipe, bird feathers and finally! 3 microphones, a didgeridoo, a flute, two djambes, dog bones with which I make rythms, an oil lamp with the face of Pan on which I blow to whistle, a marimba, maracas, an acoustic guitar, an electric guitar, two keyboards and an harmonica.

- If you had to associate your track to an image, what would it be ?

The track on this very compilation? Hm... The tunnel of death itself descending as a white sphere of sound and light, which, scanning us, would clean all dead matter from our souls label by label.


- You are the founder of Abismo Humano, a collective interested in all aspects of the Portuguese gothic scene through a fanzine, a webradio, a label, etc. Since when are you interest in this musical movement and how did it come about ? Is its legacy enduring in Portugal ?

I don't consider the gothic scene a musical movement, I consider it a book one first can read on architecture, later on the actual gothic litterature from the XVIII century to the beginnings of the victorian. It goes on from illuminism through many art forms which have a specific symbology. I therefore consider the gothic subculture to be a secret transmitted through intelligent contemplation of the aesthetics, and, also, of some philosophical and metaphysical principles. I don't want, though, to extend myself too much on this, as I have much to say on the subject. The late movement, although already pretty much alive at cinema, finds a fascinating boom on the musical movement, from horror-punk to deathrock, post-punk to darkwave, and then a thousand offsprings, from which dark ambient is one of them.

As a very young kid, my uncle had already introduced me to Bauhaus, Fields Of The Nephilim, Peter Murphy, Love And Rockets, and the classics from that time. He called it all the anti-rock movement, he didn't refer to it as gothic. I had since always a strong call on the gothic aesthetics and its mystics, its daring and experimental ways. If you take a close look, all the pioneer bands on the dark musical scene are unique, something almost born out of nothing with only punk and the darker side of the hippie philosophy to back it out. Well, you do have a current from out of bands like Fields Of The Nephilim or neofolk bands with a vast repertory of hermetic symbology and teachings. But, moving forward, it was at my teen years, I experienced the death of my girlfriend and this made me search for all medias on art and philosophy to better understand loss and death and how to make a life out of it. I had since then no way of not crumbling on goth litterature, art, music and lyrical content everytime. I decided that no human could find his soul without losing it, and that no soul has enough space to meet "withself" without a whole abyss in which to move. I decided that art was understanding, that art was healing, that art was the opening of a door everytime there is no door to let us out, or in. Art is the deepest philosophy and religion, but all religions are deathcults at the beginning and at the end.

The gothic legacy in Portugal is, yes, enduring, although almost vanishing now and then. It is a fascinating subculture though, and when the flame is diminishing you just have to be devoted to your work and it spreads. I think that most due to the constant effort of some old schoolers like the Graveyard Sessions and Fade In Association and new movements like Abismo Humano it is only now getting to the younger generations. I'm referring more to the darkwave/goth rock/deathrock scene, for there is much already on gothic metal here. No complaints on that side. As for Dark Ambient, well, there's a label I administer with Aeternum X, Korvustronik, we are trying our best but the scene, not so much in what respects the musicians, but mostly the listeners, is pretty dead, if ever born.


- Several of your albums as Babalith approach music like a real transcendental experience. Afflicting the senses of the listener, is it also what you're looking for when you dive into more dark ambient spheres like with Xibalba Mannequins ?

This is a most admirable question. Let's say that mostly my main mission is to approach music as a transcendental practice, dark ambient comes about because I'm naturally inclined to it while composing. But sometimes I do Dark Ambient in a not so experimental way, as in Xibalba Mannequins, like you mentioned. There is a difference in the method. I dont think I have accomplished anything new in music, technically speaking, with Xibalba Mannequins, but it was very intense doing it. I have been writing - I am most of all a writer - for a giant and public book and also performing to it, the book has the name of the album, each new text is for one of the houses based on the Popul Vuh mythologies. Each house has a lord/mannequin to represent it. This time I had to dive in and ask permission to hear the music. It's easier to hear the words, words are less direct while music is naked energy. I offered some of my vitality to the Blood Gatherer in exchange for inspiration, as a result I was quickly sick and with fever and composed the whole album in this state of health and mind. The last track, I believe, surmounts the whole experience once again to the transcendental, and therefore also answering this question to myself, yes, that's also what I'm looking for in dark ambient itself.


- Many of your records, whether Xibalba Mannequins or Follow The River EP for example, refer to Mesoamerican beliefs, others to Islam (Le Musqueé du Pape Femme), Nordic mythologies (Northern Sea Drops) or even Egyptian (Huni Kui). What fascinates you in mysticism, shamanism across cultures and religions ?

Huni Kui is mostly an hymn to the teachings I acquired from drinking Ayahuasca ceremonially. After the ceremony I woke up with the whole album in my mind and had it finished in a week. I consider it to be a complex album in a way, therefore it is some kind of a miracle, or not so much, if you consider your brain can process as much information while under the effect of Ayahuasca as in a near-death state. Huni Kui, although the album is with some egyptian influences, is the name for a tribe that works with Ayahuasca. Huni Kui is usually translated as "bat-people", but means in truth, "truth people". The bat has an interesting characteristic. Think about it. The bat sings to learn, and learns by singing. Through his songs he understands space around him and how to relate to it. He has music as knowledge. In shamanic tradition singing is the highest power because only by singing you can express truth. Sound is an element most related to angels : they manifest by fire but they are sound. Both Xibalba Mannequins and Follow The River have references to the aztec/mayan culture. There is a fundamental similarity to them and the pagan norse mythologies, egypt, and islamism, they all draw on celestials. There is a tradition of old dealing with celestial intelligences rooted since before Egypt, on Sumeria. This tradition was reorganized and summarized by the time of the Renaissance, and is what they called at the time : egyptianism and what we now call hermetism. But I loved the way you put it : "shamanism across cultures and religions". Shamanism is the essence of any spirituality, and the essence of spirituality is creativity : creativity aligns your micro self with your macro self, meaning that it finds your place in the world, a place where you are free to transcend by affirming the act of your existence and mostly testifying the joy of existence around you - which is what being is - and aligns the intellect with emotion and the emotion with the body. All religions and all cultures crystalize around this science between men and the universe, the mind and the body. One must understand, though, that there is nothing but water in the ice. And therefore there is nothing but the shamanic method behind the most complex ceremony, and nothing but creativity and fluidity behind the most elaborate, rigid teaching or law.


- With your Under Cover album last year, you've been dealing with a bunch of very diverse bands and musicians, from the Beatles to Anathema through Love And Rockets, Nine Inch Nails or Danny Elfman. Was it a kind of challenge for you ?

I must say I really felt challenged on Danny Elfman's. Of all the tracks this was the most difficult to reproduce on Under Cover. Sure I always felt the pressure of dealing with such great compositions in my own terms. I felt every single track was a profanation and suddenly I began to like that feeling. It takes so much more devotion to be an iconoclast, and devotion is joy.

- Can you tell us more about your plans in a near future ?

Sombre Soniks just released a Babalith track inspired on the asian movie Dolls, part of the latest volume of the Dark Ambient compilations, and a tape for the 23 Sessions. The tape is a 23 minute track, composed on the sound of insects and interlaced with the sound of a shamanic ritual captured on the recorder. This was from Lughnasad and was aligned with a Chaorder of the Silverdusk ritual. This is interesting because of the number 23 being so important on both the release and the actual ritual. 23 means chaos, generation, multiplication, creativity. It is the number for the Chaos Magick currents.

Next thing in mind is a music with IA Ritualistic Ambient for a Sombre Soniks compilation.

I will also be featured on the second Korvustronik compilation with an exclusive and maybe when the year is closing you'll have a full lenght album, of 24 tracks, released on the physical through Sombre Soniks. The CD will be called Inferno and it narrates through my own point of view the crossing of Dante through the lower circles on Divine Comedy. This work is completed and awaiting the light of day.

You can expect for this something different from the usual. It will be more Death-Industrial I would say.


Propos recueillis par Rabbit

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